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IL
ETAIT UNE
FOIS...LE CPOA*
Je
n'avais pas encore 11 ans
quand je suis parti de la petite ville de Cluny, en Saône et
Loire, où nous
habitions depuis fin 1942, pour rejoindre, en ce qui m'avait,
à
l'époque,
semblé un voyage interminable dans un train sans cesse
ralenti
par les
destructions de la guerre, une mystérieuse destination.
C'était
le 12 février 1946, et
la destination était INGELHEIM-am-RHEIN, en Allemagne,
maintenant occupée par
les Français, ce qui me semblait un juste retour des choses,
après avoir connu
quatre ans d'occupation allemande dans notre France.
Ingelheim,
ville alors de 6 à
8000 habitants, se situe pratiquement sur le Rhin, à 20 km
plein ouest de
Mayence.
A mi-distance, entre les deux, se trouve le village de FINTHEN. A
côté, il y
avait un aérodrome en herbe et plaques P.S.P., qui avait
manifestement servi
aux Américains, car on y trouvait des carcasses de P38, les
fameux
"doubles queues". Il m'est arrivé d'y jouer au pilote quand
mon
père
consentait, le jeudi après-midi, à m'emmener avec
lui ;
mais cela ne m'est
arrivé que bien trop rarement à mon
goût…
Le
premier mois se passa à la
maison, mon père nous donnant, avec les moyens du bord,
à
ma soeur de deux ans
de moins que moi et à moi-même, du travail de
classe :
j'aurais préféré mes
anciens instituteurs qui, pourtant, n'étaient pas des
tendres...
Puis, très
vite, une école primaire française s'installa
à
Gonsenheim, une banlieue de
Mayence, dans une école allemande
réquisitionnée,
pour tous les enfants
français de la région. Il nous est souvent
arrivé
d'y aller, dans l'agréable
printemps de la vallée du Rhin, à six ou sept
gamins
juchés sur une Jeep
décapotée, conduite par l'un des pères
:
c'était le bonheur...
C'est
de la cour de cette école
que j'ai vu passer, au ras des toits, le dernier autogyre de
l'armée française,
affecté au CPOA. D'après ce que je sais, il
servait
exclusivement à l'amusement
des pilotes de l'Armée de l'Air. Aux dires de mon
père,
il sera cassé très
rapidement par ces mêmes pilotes. Quel bel
élément
c'eut été pour notre
musée...
Le
1er octobre 1946, j'entrais
en 6ème au lycée français de Mayence,
le
lycée Paul Tirard. J'y resterai
jusqu'en 1ère, y passant mon premier bac, en juillet 1952, l'écrit
à Mayence,
l'oral à Strasbourg, avant de rentrer en France continuer
mes
études. Le
transport était moins excitant, il nous est
arrivé de
prendre le train, et, les
dernières années, un camion militaire assurait le
trajet
pour les quinze à
vingt adolescents qui habitaient Ingelheim et Wackernheim (à
côté de Finthen)
où était le GAOA n°2.
*Souvenirs
d'un gamin tombé dans le chaudron
En
ces débuts de l'occupation en
Allemagne, les militaires français vivaient entre eux, et se
rencontraient
souvent, le dimanche par exemple, et je me souviens de parties de
pêche au
lancer dans les bras morts du Rhin : il était rare de
rentrer
sans un brochet
ou une dizaine de perches. Nous, les enfants, nous nous retrouvions en
petite
bande pour faire du patin à roulettes dans les rues (heureux
temps où la
circulation automobile le permettait...) ou jouer à la
guerre ou
aux indiens.
Mais
les conversations de mon
père avec ses collègues officiers me fascinaient,
et je
me faufilais en me
faisant le plus petit possible pour n'en pas perdre une miette.
Dès le départ,
atavisme oblige probablement, je me suis passionné pour ce
qui
se passait dans
ce microcosme et aussi pour les personnages qui le faisaient vivre.
C'est ainsi
que j'ai pu connaître une bonne part de ceux de la
première heure, ceux sans
qui, j'en suis persuadé, rien ne serait arrivé,
ceux qui
ont fait que l'ALAT
ait pu démarrer. Après, d'autres viendront.
Dans
mon souvenir, il y avait
très peu d'officiers, surtout au début, et je
serais
heureux que mes souvenirs
soient complétés et
précisés par d'autres.
En
premier lieu, j'évoquerai,
bien sûr, le Général LEJAY.
Le
Lieutenant-Colonel LEJAY a
été nommé à la
tête du Cours Pratique
d'Observation Aérienne par D.M. 4058
EMA/I du 1.10.45. Il prendra ensuite le commandement de l'Aviation
d'Artillerie
par D.M. 5890/EMFAG/3.1 du Secrétaire d'Etat aux Forces
Armées
« Guerre » en date du 5.07.48. On
sait ce que
deviendra la suite.
Le
Colonel LEJAY en 1946-47
en
1948-49

Le
Colonel LEJAY en juillet 1949 lors de la remise des prix à
l'école
primaire
française d'Ingelheim (à gauche Madame ROHRICHE,
institutrice, à
droite le Capitaine BERTHELOT)
Pour
la petite histoire, le
Lieutenant-Colonel LEJAY commandait en 1945 le 69ème RAM
(Régiment d'Artillerie
du Maroc). L'un de ses commandants de groupe était le Chef
d'Escadron DELAINE
et l'un de ses commandants de batterie était le Capitaine
BERTHELOT.

Le
C.E. DELAINE a été le premier
adjoint du Colonel LEJAY d'octobre 1945 au 15 juin 1949, date
à
laquelle il
prend le commandement du 2ème GAOA de Wackernheim en
remplacement du C.E.
NAVELET

Trois
autres officiers sont là dès le début
: le
Capitaine DELARUE, le Capitaine
PETITJEAN, le Lieutenant HOUDAYER.

Le
Capitaine DELARUE
Le Capitaine PETITJEAN
Le
Capitaine HOUDAYER en 1951
Le
Capitaine BERTHELOT, mon père,
arrivera le 4 décembre 1945 au CPOA. Aérostier,
il sera
le premier instructeur
des observateurs de l'ALOA et l'ALAT.
Très
peu de temps après
arriveront les Capitaines RAZY et PEZET. Ce dernier sera l'adjoint du
Colonel
LEJAY après le départ du C.E. DELAINE.
Le
Général RAZY en 1986
Le
Capitaine PEZET
Le
Capitaine QUESNEL arrivera
dans les premiers mois de 1949, de même que le Lieutenant
CAPIEU.
Le Capitaine
KRAUSS sera là en 1951. Le Capitaine PETITJEAN et le
Capitaine
QUESNEL seront
les premiers moniteurs avions. J'aurai l'occasion de les voir,
l'été 1952, à l'école
de ST-YAN, alors drivée par Monsieur NOTEGHEM.

Le
Capitaine
QUESNEL
Le
Lieutenant CAPIEU
Il
ne faut pas oublier les gens
de l'Armée de l'Air présents jusqu'en 1953.
Le
premier adjoint
« Air » au Colonel LEJAY fut le
Capitaine COCHET
de 1945 à fin 1947.
Sa fille Michèle et son fils Jean-Pierre étaient,
à ma soeur Claude et à
moi-même, nos amis et nos camarades de jeu. Jean-Pierre est
hélas décédé depuis
longtemps, mais j'ai toujours Michèle pour amie.
Il
sera remplacé par le
Commandant DEVILLER de 1948 à début 1950.
Puis
viendra le Commandant
DEROCHE qui restera probablement jusqu'à la
véritable
naissance de l'Aviation
d'Artillerie. Là aussi, ses enfants étaient nos
camarades.
De
nombreux officiers et
sous-officiers de l'Armée de l'Air passeront au CPOA, il y
avait
un
« turn-over » très
supérieur
à ce qui se passait pour l'Armée de
Terre. Mais j'ai bien connu deux Lieutenants, le Lieutenant THIOLLIER,
qui m'a
fait faire mon baptême de l'air, sur L4, j'avais 12 ou 13
ans, et
le Lieutenant
VERNAELDE. Le Lieutenant DURIF et le Lieutenant BOITEL
étaient
les pères de
deux de mes bons camarades.

Ce
ne sont là que des souvenirs d'un gamin qui a eu la chance
d'être présent à ce
moment et
à
cet endroit, mais n'a pas
vécu ce qui se
passait. De grands anciens pourraient apporter les
leurs
pour en faire la mémoire d'une époque.
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